Le chômage, comme un deuil ou un abandon amoureux (Slate)

De nombreux travaux le prouvent: la perte d’emploi s’apparente à un événement traumatique, qui dégrade à la fois la santé mentale et physique.

«Depuis septembre 2015, c’est une catastrophe. Je n’ai pas rencontré une seule personne qui ne se soit pas mise à pleurer…» Sommes-nous au bout de la ligne de Suicide Écoute, ou de celle de SOS Amitié? Pas tout à fait. Jamal Rami, secrétaire général du syndicat Sud Chômeurs et précaires de la Loire, anime des permanences visant à aider les demandeurs d’emploi sur des questions de droit. Mais au-delà de kafkaïens dossiers administratifs, il se retrouve surtout aux prises avec une souffrance permanente faite de honte, d’absence de vie sociale, de constitution abîmée… Une réalité qui se manifeste chez des millions de personnes (3,531 millions de chômeurs en catégorie A à la fin mars et 5,454 millions dans les catégories A, B et C, en attendant les chiffres d’avril, publiés ce mercredi 25 mai) et nécessite plus que jamais une action des pouvoirs publics.

«D’abord, perdre son travail constitue cliniquement un événement traumatique», explique le psychiatre Michel Debout, professeur de médecine et président de l’Union nationale pour la prévention du suicide (Unps), auteur du livre Le traumatisme du chômage avec la participation du journaliste Gérard Clavairoly. «En ce moment, les personnes éprouvent surprise, sentiment de mort et humiliation.»

«Ensuite vient l’état de stress post-traumatique», ajoute le psychiatre. «Des manifestations anxieuses, comme les cauchemars ou la perte d’appétit, la honte, l’impuissance, la perte d’estime de soi… Pendant la recherche d’emploi, les entretiens d’embauche réactivent régulièrement le traumatisme vécu.» Lire la suite sur Slate.

De l’enfer au combat, entretien avec un ex-travailleur détaché portugais (Le Lanceur)

Porfirio Francisco da Silva Couras est un électricien portugais. Fin 2012, il est embauché par l’agence d’intérim Tempo Indeterminado, qui recrute des intérimaires pour les détacher dans des entreprises françaises. Le dirigeant de l’une d’elles, Veriferme, vient d’être condamné pour travail dissimulé (lire en fin d’article). En parallèle au procès, l’ex-travailleur détaché raconte son histoire et les difficiles conditions de travail qu’il a expérimentées – conditions démenties par le dirigeant de Veriferme, Alberto Verissimo. Entretien.

Le Lanceur : Êtes-vous un lanceur d’alerte ?

Porfirio Francisco da Silva Couras : Je ne suis pas du tout un lanceur d’alerte. Ou peut-être le suis-je devenu quand j’ai rencontré la CGT. Mais, face à une telle situation, il est important d’agir.

Comment s’est passée votre embauche ?

Il faut savoir qu’au Portugal, depuis 2010, c’est la galère. On ne trouve plus de travail. À l’époque, soit j’étais au chômage, soit je faisais de petites missions. Je regardais donc tous les jours les offres d’emploi dans les journaux. Et il n’y avait rien. En 2012, à 42 ans donc, j’ai fini par tomber sur cette annonce de Tempo Indeterminado pour venir travailler en France. En décembre 2012, j’avais un entretien avec l’un des associés, Alberto Verissimo, à Braga au Portugal.

Au cours de cet entretien, avez-vous eu l’impression que quelque chose ne tournait pas rond ?

Non, pas du tout. Alberto Verissimo était bien habillé, bien coiffé, très sympa au premier abord. Il m’a expliqué qu’à travers cette société d’intérim il cherchait du monde pour sa société française, Veriferme. Pour travailler, entre autres chantiers, chez Michelin. Et puis, il y avait du monde. Les locaux étaient très bien, avec plusieurs bureaux et plusieurs secrétaires. Ils embauchaient des électriciens, des plombiers, beaucoup de maçons, tous les métiers liés au bâtiment. Rien qui puisse laisser penser qu’il s’agissait d’une arnaque. Lire la suite sur Le Lanceur.